Le Libro primo de motetti a una, due, tre, quattro, cinque e otto voce di Giulio Cesare Bianchi publié à Venise en 1620 reflète bien l’air du temps et l’évolution des volumes musicaux nouveaux qui sortent quotidiennement des presses de la prestigieuse cité. Les recueils ne sont plus comme au siècle dernier des anthologies mais plutôt organisés autour d’un seul compositeur, la variété résidant alors dans les différentes textures polyphoniques des pièces qui y sont imprimées. De une à huit voix, avec une partie de “Basso generale”, la musique vocale peut-être monodique ou solistique, polychorale et toujours soutenue par une ligne instrumentale de basse continue. La particularité de ce recueil réside aussi dans la deuxième phrase de son titre : Con un altro a cinque, e tre a sei del sig. Claudio. C’est bien sûr de Monteverdi qu’il s’agit et les motets proposés ici sont de rares témoignages d’une production de musique sacrée échappant à la monumentale édition, la Selva morale ou “forêt morale” que le compositeur supervise à la fin de sa vie autour de 1640.A cappella ou soutenu de préférence par une basse continue, ces pièces courtes sont destinées à être incorporées à tout type de liturgie permettant de louer le Seigneur. En conformité avec nos habitudes de lecture, les trois pièces sont restituées avec une battue à la blanche pour les mensurations binaires, des barres de mesure étant suggérées en pointillé entre les portées.Écrits dans le nouveau style d’une époque où triomphe l’école vénitienne, ces trois motets nous rappellent la dévotion réelle et sans fard de Claudio Monteverdi exprimée ici sobrement sans pour autant que soient sacrifiés richesse harmonique, talent contrapuntique ou séduction mélodique. Le motet Cantate Domino profite de l’allégresse du ternaire, qu’il convient de rendre à un temps par “mesure”, et offre avec son retour à deux temps (mesure 26) l’exemple d’une rupture stylistique avec le seizième siècle.