Bien que François Rabelais le cite dans sa fameuse liste des “gentils musiciens”, Pierre Passereau est un de ces nombreux compositeurs méconnus aujourd’hui, écrasé tout d’abord par la notoriété actuelle de contemporains comme Janequin ou Sermisy, sous évalué ensuite parle fait que nous ne connaissons presque rien de sa vie. De plus, l’oeuvre qui nous est parvenue se limite à 25 chansons (dont plusieursd’attribution incertaine) et une seule pièce religieuse (le motet Unde veniet auxilium mihi). Cette chanson, la plus prisée du répertoire choral, était déjà en vogue au XVIe siècle puisque, éditée chez Pierre Attaingnant en 1534, elle connaîtra un grand nombre de rééditions en France comme à l’étranger et ce jusqu’en 1571. Cette longévité éditoriale se double de nombreux arrangements tant pour le clavier que pour le luth. A quatre voix et dans une mensuration binaire (deux caractéristiques de la chanson parisienne, genre auquel elle se rattache), elle déroule, sur le mode de ré, un texte découpé en deux couplets encadrés et séparés par trois refrains identiques. Celui-ci est constitué de deux motifs en imitations serrées, conjoint ascendant sur le premier vers et descendant d’une manière plus libre pour le second. Si le premier couplet est très court (enchaînement de bicinium aigu puis grave), le deuxième constitue le point fort de la chanson avec ce caquet onomatopéique, expression d’une veine satirique annoncée dès le début de l’oeuvre avec la répétition de la syllabe “bon”.