Titre allemand original : Die Martinsgans. On se perd en conjecture sur le lien pouvant exister entre Saint-Martin et les oies. Or, ce lien existe puisqu’on le retrouve aussi bien en France qu’en Allemagne et dans plusieurs autres pays européens. Et d’abord de quel saint Martin s’agit-il ? Est-ce l’évêque de Tours du 4e siècle, celui qui partagea, selon la tradition, son manteau avec un pauvre ? On peut hésiter, car cet évêque, qui évangélisa les campagnes et fonda la communauté monastique de Ligugé et le monastère de Marmoutier, n’avait a priori rien d’un bambochard. Pourtant on le fête le 11 novembre, jour où la tradition – en Allemagne notamment et avantque ne survienne la coïncidence historique de la fin de la Première Guerre mondiale – veut que l’on boive force chopes de vin en dévorant moult volailles dorées – ce qu’on appelle “faire la Saint-Martin”. De nos jours encore, en Allemagne, le “carnaval” (qui dure trois mois, jusqu’àla Chandeleur) débute le 11 novembre (11ème mois de l’année), à 11 h et 11 minutes (!!), occasion de réjouissances, on s’en doute. Cette oie de la Saint-Martin a inspiré, en musique, quantité de chansons de table et d’airs à boire, tradition qu’il est sain de préserver sans tropse demander pourquoi. Erasmus Widmann est l’un des derniers représentants allemands de l’écriture polyphonique a cappella. Bien qu’il ait écrit beaucoup de musique sacrée, il a gardé de ses études universitaires à Tübingen le goût des chansons estudiantines et gaillardes, tout comme ses contemporains Leonhard Lechner, Jacob Meiland, Johann Eccard, Hans Leo Hassler, etc.Si on le veut, on pourra accompagner ce chant par le canon portant le même titre que l’on trouvera dans le recueil des Chansons pour boire et rire à table (réf. ACJ 53 156).