Composition de Christopher Gibert (né en 1993), textes liturgiques latins
"Si tu veux voir, écoute d’abord. L’audition est le degré vers la vision”.
Cette citation attribuée à Saint Bernard entre en résonance avec notre démarche de composition pour ce Magnificat. Beaucoup de compositeurs et artistes ont créé à partir de ce texte, de cet épisode biblique majeur. Comment renouveler le modèle après des œuvres incroyables comme celles de Bach, de Vivaldi, de Zelenka et tant d’autres ?
J’ai pris le parti d’"écouter le lieu”, d’entrer en résonance avec ces empreintes séculaires laissées par les constructeurs, les moines et les chantres. D’où l’idée de ce Magnificat cistercien qui souhaite faire écho à l’esprit si particulier et puissant de l’abbaye Notre Dame de Sylvanès : construite dans un appareil roman massif, imposant, mais emplie d’une grande lumière, d’une simplicité rassurante et chaleureuse, et entourée d’une forêt dense qui lui a probablement donné son nom (du latin silva : forêt).
Le texte du Magnificat de la vierge Marie, reprend les paroles de plusieurs chants de l’Ancien Testament pour en faire le cantique d’action de grâce de l’Église, tout au long des générations chrétiennes. La langue latine a été privilégiée pour cette œuvre, comme un souvenir de ces prières qui s’élèvent depuis des siècles vers les voûtes romanes de l’abbaye.
La voix est centrale. Un chœur mixte (sopranos, altos, ténors et basses) est l’effectif principal. Quelques solos, essentiellement pour soprano, jalonnent la pièce. A noter que dans mon idée, ce solo est tiré du chœur, à la manière des moines ou moniales chantres qui entonnent et prennent la parole, appelant une réponse du groupe.
Les moines chantent souvent sans instrument, dans un grand dénuement d’artifices, propre à la règle cistercienne. Néanmoins, cette tradition s’est assouplie avec les siècles et nous souhaitons mettre en avant le patrimoine vivant et contemporain de l’abbaye de Sylvanès. C’est pourquoi j’ai choisi d’adjoindre l’orgue à cette partition, instrument de l'accompagnement par excellence. Je l’imagine cependant relativement humble et dans une place d’accompagnateur pour une grande partie de l’œuvre, toujours dans le souci de placer la Voix, et donc le texte au premier plan. Ainsi, ce Magnificat cistercien s’inscrira, j’espère, dans les pierres de l'abbaye comme une résonance, une empreinte évidente à ce qui a fait le trésor de ce lieu : harmonie et lumière. "
🎶 à l'écoute (lecture partition par une machine) 🎧