Les Airs à III, IV, V et VI parties... composées par Claude Le Jeune sont un recueil publié à Paris chez Pierre Ballard en 1608 bien après la mort du compositeur (v. 1530-1600). Même si certaines pièces ont été éditées auparavant chez Le Roy et Ballard dans les années 1580, le corpus de 127 pièces impressionne par sa quantité et son modernisme. Ces chansons mesurées à l’antique sont d’ailleurs dédiées à Agrippa d’Aubigné et il est d’usage de penser que le poète humaniste Jean-Antoine de Baïf est l’auteur présumé de textes, remaniés ou non par d’autres versificateurs comme Odet de la Noue ou Agrippa d’Aubigné lui-même. Suivant les règles de la musique mesurée, les voix déroulent le texte en même temps, les barres traversant les portées étant alors des “barresde prosodie” et non de mesure... afin de segmenter logiquement le discours versifié. Il est d’ailleurs curieux de remarquer que, d’une édition à l’autre, ce type de barre est indiqué ou non pour la même pièce comme si la perception globale importait moins que le respect de la scansion brève-longue, la particularité musicale de ce corpus. Perdre le sens devant vous est une des pièces les plus connues de ce recueil car elle allie la simplicité formelle Couplet à 3 / Refrain à 3, puis varié à 5, à une fraîcheur d’inspiration dont témoignent ce fourmillement d’incises musicales soutenant le questionnement incessant du narrateur.