Drôle de titre pour un chant de Noël non ? Lucien JEAN-BAPTISTE bouscule avec un rien de provocation les traditions de Noël avec cette adaptation de la célèbre (et convenue...) Marche des Rois, une mélodie provençale colorée, gaie, festive, populaire. Elle occupe bien sa place depuis le 17è siècle dans les esprits au moment de Noël. Elle va même jusqu’à se faire entendre dans l’orchestre des grands grâce à l’Arlésienne de Georges BIZET. Lucien JEAN-BAPTISTE ne voulait pas faire un arrangement de style classique de plus, mais une version scénarisée, quasi cinématographique, afin que l’auditeur ressente l’impression d’assister au défilé d’un corso carnavalesque. Musicalement, le compositeur traite le sujet également dans la parodie: le motif mélodique de base (sol-sol-ré-sol), tête du thème, sert de matériau à toute la pièce. Parallèlement, les onomatopées des voix de basses évoquent des cuivres, des timbales, des exclamations (Vivat !), suggérant le mouvement du cortège. Le deuxième thème est traité de manière plus légère (sans basses)évoquant l’ingénuité des petits pages et l’image aérienne de l’Étoile. On pourrait comparer cette structure à l’organisation traditionnelle d’un menuet avec trio. Le climat général est celui d’un divertissement débridé sur la voie publique : Trois rois repus, satisfaits et engoncés dans leur respectabilité se font acclamer par une foule populaire en liesse. Drôle d’équipage que ce quadrille : des rois dorlotés par trente petits pages ! L’influence hellène certainement... N’oublions pas que ces personnages sont déjà présents dans l’Évangile de Mathieu, (Lévide son vrai nom) écrit en grec avec un vocabulaire typiquement sémitique par un rabbin araméen converti. À la lecture de ce petit texte, on peut raisonnablement se poser des questions sur cette petite mélodie populaire, qui, dans ce contexte,nous amène bien loin finalement de l’image d’Épinal habituelle des gentils Rois Mages.